Histoire

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Histoire de la crypte de la cathédrale de Bourges

Merveille de l’architecture gothique, la cathédrale de Bourges renferme une crypte à l’histoire fascinante. Découvrez cette « église basse » communément dénommée « crypte » où sont exposés de nombreux trésors !

Un peu d'histoire

Un lieu unique en son genre

En 1195, l’archevêque Henri de Sully décide de faire reconstruire la cathédrale de Bourges dans le style gothique. L’édifice vient remplacer la cathédrale romane du XIe siècle, aux dimensions modestes. Et l’archevêque le souhaite sublime, comparable à Notre-Dame de Paris. Le nouveau chœur est élevé au-delà de l’ancien rempart gallo-romain. 

Pour combler la différence de niveau (6 mètres), la conception d’un vaste soubassement est nécessaire. Vous avez deviné ? Il s'agit bien de « l’église basse » (communément appelée « crypte ») !

Deux galeries, aux voûtes en croisées d’ogive retombant sur une série de culs-de-lampe  sculptés et insolites, mènent à cette église basse : elle reprend le plan de l’église haute avec une salle centrale nommée rotonde correspondant au chœur et un double déambulatoire comprenant six piliers qui soutiennent les colonnes les surplombant dans l’abside.

La rotonde renferme les pierres tombales des archevêques de Bourges décédés depuis la Révolution.

Au risque de vous surprendre, cette partie de la cathédrale de Bourges, très lumineuse, n’est pas une crypte !

Mais, au fait, qu’est-ce qu’une crypte ?  Il s’agit d’un lieu enterré et donc obscur pouvant servir de sépulcre. Au XIIe siècle, le terme n’est donc pas approprié, car aucun tombeau n’y est placé. Il faudrait plutôt parler « d’église basse ».

Cathédrale Saint-Étienne de Bourges, la crypte gothique côté nord

© Alain Lonchampt / Centre des monuments nationaux

Les joyaux de la crypte

Un trésor historique : la mise au tombeau

En 1562, en pleines guerres de Religion, Bourges est prise par les protestants. Ceux-ci profanent la cathédrale et la sépulture de saint Guillaume. Ils mutilent également le jubé, la tribune transversale élevée entre la nef et le chœur, ainsi que la Mise au tombeau située dans la rotonde. 

Cette sculpture représente un épisode de la Passion du Christ. Elle avait été offerte par un chanoine, Jacques Dubreuil, dans les années 1520. Avec ses 1,85 mètre de haut, elle impressionne par la richesse de ses détails ! Très abîmée, elle est restaurée sur ordre du chapitre .

Mise au tombeau (détail)

© Patrick Müller / Centre des monuments nationaux

Les vestiges de la sainte-chapelle de Bourges : le gisant et les vitraux

Depuis 1757, la crypte abrite un autre monument d’envergure : le gisant du duc Jean de Berry.

Celui-ci provient de la sainte-chapelle du palais ducal de Bourges et est transféré dans la crypte à la demande du cardinal de la Rochefoucauld.

Réalisé au XVe siècle par l’artiste flamand Jean de Cambrai, il rend hommage à Jean de Berry, personnage central de la guerre de Cent Ans, fils de Jean II le Bon et frère de Charles V le Sage. C'est aussi un grand mécène et un grand collectionneur de livres précieux dont les célèbres Très Riches Heures du duc de Berry.

L'église basse reçoit également les vitraux de cette sainte-chapelle. Magnifiques, ils représentent en majorité des apôtres et des prophètes. Vingt grands personnages sont ainsi représentés dans des niches architecturées à fond damassé. Le résultat est tout simplement somptueux ! Ils sont placés dans 12 grandes baies donnant directement sur l’extérieur. Ainsi, l'église basse de la cathédrale de Bourges a la particularité d’être superbement éclairée ! Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les vitraux sont démontés par mesure de prévention. Ils sont alors mis en caisse et y restent jusqu'aux années 1980.

Apôtre et prophète dans une architecture (détail)

© Alain Lonchampt / Centre des monuments nationaux

Restauration et aménagements

En 1994, la crypte accueille un dernier trésor : les vestiges du jubé de la cathédrale ! Daté de la première moitié du XIIIe siècle, il est détruit en 1758 à l’occasion du réaménagement du chœur. Certains éléments sont réutilisés pour des travaux au sein de la cathédrale. Retrouvés, ils sont aujourd’hui exposés dans l’église basse.

Ayant servi d’atelier de travail aux tailleurs de pierre, l’église basse présente sur le sol des épures , dont l’épure grandeur réelle de la rose qui orne la façade ouest de la cathédrale.

Eléments du jubé conservés dans la crypte

© Patrick Müller / Centre des monuments nationaux

Une vraie crypte

Un escalier moderne permet, depuis l’église basse, de remonter à l’intérieur du rempart gallo-romain, dans une construction souterraine, donc dans une vraie crypte, creusée dans le sol naturel. Cette crypte, datée du début XIe, appartient à l’ancienne église romane. Elle est de plan rectangulaire axé nord-sud. Ce lieu a longtemps été inconnu : c’est lors du réaménagement du chœur, au milieu du XVIIIe siècle, que l’ancien escalier et de son couloir sont redécouverts.

La voûte de la travée centrale de la galerie porte en son centre un oculus  polylobé qui conviendrait bien à un culte de reliques. Cet oculus est obstrué actuellement par un remblai sous le dallage du chœur gothique. On pense qu’il aurait pu y avoir dans ce lieu un reliquaire ramené selon la tradition par saint Ursin, premier évêque de Bourges, contenant quelques gouttes de sang de Saint Étienne, premier diacre martyr et patron de la cathédrale…

 

Son histoire passionnante et les trésors qu’elle abrite font de la crypte de la cathédrale de Bourges un lieu de visite stupéfiant. Et si vous veniez l’admirer par vous-mêmes ?

Crypte romane

© Crypte / Centre des monuments nationaux